Tracer le mythe : le rôle clé de Thierry Gouvenou sur le Tour de France
Publié le : 16/07/2025

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Thierry Gouvenou, figure incontournable du cyclisme en France !
Coureur professionnel dans les années 1990 et passionné de management sportif, Thierry a su transformer sa passion en carrière. Diplômé d’éklore-ed (ex CNPC Sport), il a bâti un parcours riche entre performance, transmission et stratégie. De la gestion de structures sportives à l’accompagnement de projets innovants dans l’univers du sport, son regard est à la fois expérimenté et tourné vers l’avenir. Il est aujourd’hui le Directeur Technique du Tour de France chez ASO et il revient pour nous sur la conception du parcours mondialement connu, du Tour de France.
Comment construit-on une étape du Tour ?
La construction d'une étape du Tour de France repose sur un subtil équilibre entre exigences réglementaires, sécurité, spectacle et logistique. Tout commence avec les règles de l’Union Cycliste Internationale (UCI) qui imposent des limites strictes, notamment sur les distances maximales autorisées. Ensuite, la sécurité des coureurs est primordiale : certaines routes sont écartées si leur revêtement ou leur largeur ne permettent pas un passage sécurisé du peloton.
Au-delà des aspects techniques, Thierry Gouvenou insiste sur l’importance de l’accueil du public. Un parcours peut être magnifique sur le papier, mais s’il est inaccessible ou peu visible pour les spectateurs, il n’a pas sa place dans le Tour. L’autre priorité est de construire un scénario de course, avec des étapes qui suscitent de l’intérêt et du suspense, à la fois pour le public présent sur la route et pour les téléspectateurs, qui restent le cœur de l’audience.
Le tracé initial se fait au bureau, à l’aide d’outils numériques comme Google Maps ou des logiciels spécialisés, mais rien ne remplace la reconnaissance terrain. C’est sur place que les choix sont validés, ajustés ou abandonnés. Thierry Gouvenou précise également qu’il ne sollicite pas les communes pour déterminer le parcours, bien que des demandes spécifiques puissent parfois être prises en compte. C’est Christian Prudhomme, le directeur du Tour, qui choisit les villes-étapes ; Thierry Gouvenou, lui, relie les points en veillant à la cohérence sportive, technique et sécuritaire.
Enfin, quand cela est possible, une touche patrimoniale est ajoutée au parcours : monuments, paysages emblématiques, villages typiques… Une manière de séduire les millions de téléspectateurs dans le monde qui regardent le Tour autant pour ses images que pour la compétition.
Quels sont les plus grands défis techniques sur le parcours ?
Le principal défi technique aujourd’hui, c’est la sécurité des coureurs. Deux grandes tendances viennent complexifier la donne : d’un côté, des routes de plus en plus aménagées pour ralentir les voitures – avec des ralentisseurs, des chicanes, des rétrécissements ou des îlots – et de l’autre, des vélos toujours plus performants, qui rendent le peloton plus rapide et plus dense.
Ce croisement entre vitesse croissante et obstacles urbains pose un risque majeur : les chutes. Thierry Gouvenou évoque une augmentation inquiétante des accidents, au point de menacer la pratique même du cyclisme professionnel si rien n’est fait.
Il existe bien sûr des zones où la sécurité est renforcée de manière ciblée, notamment dans les arrivées massives au sprint. Là, tout obstacle est supprimé pour éviter le moindre incident. Mais généraliser cela sur les 3 500 km du Tour serait impossible financièrement. Le coût pour enlever un simple îlot peut atteindre plusieurs milliers d’euros.
Comment intégrer les évolutions technologiques ou environnementales dans la conception du Tour ?
Les évolutions technologiques influencent fortement la manière de concevoir les étapes. Les vélos d’aujourd’hui permettent d’aller beaucoup plus vite, ce qui oblige les organisateurs à repenser certaines portions du parcours, notamment en matière de sécurité. L’accélération du peloton nécessite davantage d’anticipation sur les zones à risque.
Côté environnemental, même si ce point n’a pas été développé en détail lors de l’échange, Thierry Gouvenou a souligné à plusieurs reprises la volonté d’adapter le Tour aux réalités contemporaines, notamment en valorisant les territoires traversés. En cela, le choix des paysages, des villes patrimoniales ou des zones à fort attrait touristique peut aussi s’inscrire dans une forme de sensibilisation à la préservation du patrimoine naturel et culturel.
Photo d'illustration de l'article prise par Ludovic Péron — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=33373268