Théo Mougenel – Dans les rouages de la performance VTT
Publié le : 18/07/2025

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1. Les mains dans la performance
Le grand public connaît les coureurs, mais rarement ceux qui rendent leurs exploits possibles. Concrètement, quelles sont les responsabilités d’un chef mécanicien ?
« Ce qu’on voit le jour de la course n’est que la partie émergée de l’iceberg. » Pour Théo Mougenel, tout commence bien avant le départ : aménagement du paddock, transport et installation du poids lourd, montage des structures, contrôle minutieux des vélos. « Le but est que tout soit prêt quand les coureurs arrivent. On adapte ensuite chaque vélo au circuit et à l’athlète, jusque dans les moindres réglages. »
Responsable mécanique et logistique, Théo gère aussi deux autres mécaniciens, et coordonne une équipe d’une douzaine de personnes – masseuse, ostéo, cuistot, responsable presse, vidéo… « Tout le monde a un rôle. Et surtout, tout le monde compte. »
2. La pression du chrono
En pleine course, chaque seconde compte. Comment gérez-vous la pression quand une intervention mécanique doit être rapide, efficace et sans erreur ?
« On n’a pas droit à l’erreur. » En VTT, les interventions ne se font pas depuis une voiture suiveuse. Les mécaniciens sont postés sur un point fixe du circuit, prêts à intervenir au vol. « On ne peut pas remplacer un vélo entier, alors on change les pièces sur place, en quelques secondes. »
Théo se souvient d’un dépannage marquant lors des championnats du monde au Canada. « Notre coureur crève alors qu’il joue le podium. On remplace la roue arrière en un temps record. Il repart aussitôt et décroche la médaille de bronze. Même lui n’en revenait pas. »
L’expérience fait la différence : « Plus t’enchaînes les saisons, moins tu stresses. Mais l’adrénaline, elle, reste intacte. »
3. Une technologie de haut vol
Les vélos d’aujourd’hui sont de véritables bijoux technologiques. Comment suivez-vous l’évolution du matériel et quelles compétences techniques sont essentielles pour exercer ce métier au plus haut niveau ?
Le vélo d’aujourd’hui, c’est presque de l’aérospatial. Cadres en carbone sur-mesure, suspensions électroniques, capteurs intelligents : la mécanique se fait ingénierie. « On bosse directement avec les marques pour développer les produits. On teste les cadres, on fait des retours, on influence les prochaines générations de vélos. »
Chez Rockrider, Théo a même participé à la conception d’un nouveau cadre dès la maquette 3D. « On est allés valider les moules, tester les matériaux, modifier les passages de durites. C’est un travail d’orfèvre. »
Et il ne s’arrête pas là : « On suit aussi des formations avec les sponsors pour bien comprendre leur vision. Il faut être curieux, rigoureux, polyvalent… et passionné. »
4. L’humain au cœur de la mécanique
Au-delà de la technique, vous êtes en lien constant avec les coureurs. Quelle place occupe la relation humaine dans votre travail ?
« La confiance est aussi importante qu’un bon réglage de dérailleur. » Le lien entre le mécanicien et l’athlète est fondamental. « Il faut écouter, observer, anticiper. Chaque détail compte : un bruit suspect, un ressenti différent, une émotion après l’entraînement… »
Théo a aussi hérité de cette capacité relationnelle durant sa formation à éklore-éd : « Mon DUT m’a donné la base technique, mais la licence pro m’a appris à gérer des partenaires, un staff, une équipe. »
Aujourd’hui, il gère aussi un magasin, en est actionnaire, et continue de rouler l’hiver « pour garder la flamme, même si j’ai pris 15 kilos », plaisante-t-il.
Une vision du métier engagée et lucide
Théo ne cache rien des réalités du terrain : les longues semaines sur les routes, les journées à rallonge, les imprévus techniques, le stress. Mais pour lui, la passion l’emporte. « Ce métier, tu le fais parce que tu l’aimes. Tu ne comptes pas tes heures. Tu vis au rythme des saisons, des compétitions, de l’équipe. »
Et un brin taquin, il glisse : « Chez nous, en VTT, on appelle les mécanos de la route les "laveurs de vélo". Mais ils ne sont pas malheureux non plus, hein ! »
Portrait éclair
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Âge : 32 ans
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Formation : DUT Génie mécanique & productique + Licence pro commerce du sport (Éklore-Ed)
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Poste : Chef mécanicien et responsable logistique – Rockrider Ford Racing Team
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Particularité : Participe activement au développement des vélos et à la création de contenu technique (tutos Decathlon)
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Devise non officielle : « Pas de vélo prêt, pas de podium. »